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Luc-Olivier Merson : Déclaration du président de l'Académie, M. François Flameng, le jour des funérailles (17 novembre 1920)


portrait de luc-olivier merson
Luc-Olivier Merson (1846-1920)
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Oeuvre
Images des oeuvres
Les timbres de France au type Merson
Les timbres étrangers au type Merson

in Joël PEROCHEAU, Autour de Luc-Olivier Merson (cf. Crédits)




"Au cours d'une cérémonie auguste, profondément émouvante, le grand citoyen qui préside à nos destinées (Il s'agit du Président Millerand) a cru devoir résumer la peinture française, pendant ces cinquante demières années, en citant quatre noms ... La mort subite de notre confrère Merson semble une protestation tragique contre une affirmation aussi injuste que tendancieuse, puisqu'elle nous donne l'envie de crier :
"Et lui? - Et lui? - Qu'en faites vous?". Et lui qui aurait dû figurer parmi les premiers dans cette incomparable pléiade d'artistes, dont le rayonnement merveilleux, la variété des talents, je dirai même des génies, égale et surpasse parfois, osons le dire, les écoles anciennes les plus fameuses, de n'importe quel pays ... Et lui, si français, possesseur des plus belles, des plus rares qualités de notre race, faites d'intelligence, d'esprit, de goût et de mesure, de quel droit le rayez vous du glorieux patrimoine national?

Ah! cher ami, laissons les marchands du temple à leu'rs spéculations; notre oeuvre faite du granit le plus poli, le plus résistant, restera pure et presque virginale, dans la postérité. Le breuvage infiniment délicat, particulièrement parfumé, que vous nous serviez si généreusement, n'est pas fait pour les palais brûlés par les alcools frelatés que l'on veut nous contraindre à absorber.

Tout en vous était rare et précieux; votre production, nombreuse, fut d'une probité exemplaire, votre tâche de chaque jour s'est accomplie avec une conscience, un soin scrupuleux, un souci de la perfection qui vous valait tous les respects, même de ceux qui ne partageaient pas toujours, ou même presque jamais, vos convictions si loyalement intransigeantes.

Vous avez possédé la vertu suprême, réservée aux élus: le charme! Le charrne, à la manière d'un Musset ou d'un Massenet; et puis vous fûtes poète; par dessus le marché, violent par tempérament, vous détestiez la crudité et la trivialité en art; vous étiez seigneur et gentilhomme, vous rattachant ai'nsi à la noble lignée des vieux maîtres de Florence.
En ces temps troubles, où tout est spéculation, où l'incohérence s'affirme, chaque jour, davantage, comme étant l'art officiel, il est réconfortant de rencontrer sur sa route un peintre aussi sain, aussi loyal, aussi dépourvu de manège et de charlatanisme que LucOlivier Merson.

Je salue en lui, avec un infini respect, avec la plus profonde émotion, l'honnête homme scrupuleux, sévère à lui-même, modeste et jamais satisfait, dont la vie simple et patriarcale s'est écoulée loin du bruit, loin des intrigues, tout entière consacrée au culte passionné de cet art qu'il respecta par dessus tout. Manière de bénédictin de jadis, on le trouvait dès l'aurore et tard dans la nuit, assis devant sa table ou son chevalet, dessinant, sans relâche, cherchant à réaliser sur le papier, les compositions, les combinaisons ingénieuses, toujours d'un goût parfait, qu'enfantait son cerveau inépuisable...

La disparition d'un pareil artiste est une perte irréparable, non seulement pour l'Institut, mais aussi pour l'art français. Au milieu de la boue qui nous éclabousse de toutes parts, il se dressait loyal et intransigeant, droit comme un beau lys parfumé. Combatif et passionné, dans les dernières années de sa vie, on le voyait foncer, sans relâche, avec une énergie toujours nouvelle contre l'injustice, l'intrigue et certaines complaisances qui l'exaspéraient. Réactionnaire magnifique, il se dressait, redoutable, contre les novateurs qu'il essayait de terrasser, de foudroyer en quelques phrases violentes, pour' retomber tout aussitôt dans un silence découragé. Que de fois ne m'a-t-il pas rudoyé, bousculé pour venir, quelques instants après, me serrer les mains avec les marques d'une tendre affection! Ami incomparable, d'une fidélité à toute épreuve, ceux qui eurent la bonne fortune de le fréquenter dans sa jeunesse, se souviennent d'un Merson, gai, spirituel, gamin de Paris, un peu mordant et bon enfant, mais la destinée cruelle l'avait terriblement éprouvé; les pertes successives de l'un de ses fils, de sa femme et de son père, l'avait comme foudroyé, le privant désormais de la faculté de se réjouir et d'être heureux. Depuis lors, confiné dans son travail, son existence s'est faite solitaire et mélancolique... "
Voir également la tombe de luc-Olivier Merson au Père-Lachaise


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Toussaint COPPOLANI
Toussaint COPPOLANI

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