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La Gazette des Absents (numéro 6)
liberté pour le vote du 3. Dès le 1er novembre, les organisateurs de la journée du
31 octobre avaient recommencé leurs menées séditieuses : demeurés en permanence, ils annonçaient
hautement une bataille et une victoire de la Commune ; on accusait publiquement le Gouvernement de trahison,
et l'on présentait comme oeuvre patriotique l'assassinat du genéral Trochu. Le silence et l'inaction
n'étaient plus possibles, et le Gouvernement a dû agir sans plus de retard.
L'Eclairage de Paris. C'est à tort qu'il a été annnoncé que les rues de Paris pourraient
prochainement venir à manquer d'éclairage. Le gaz économisé ainsi qu'on le fait aujourd'hui suffira
encore longtemps à la consommation, et toutes les mesures sont prises pour qu'il soit remplacé, dès qu'il
sera besoin, par d'autres appareils dès aujourd'hui préparés. - Les Ballons-poste. Aujourd'hui
dimanche, à 10 h. du matin, s'est enlevé, par un temps splendide, le ballon La Ville de Châteaudun,
emportant 455 kilogrammes de dépêches. Le Directeur des postes s'occupe toujours de la question des
réponses à nos lettres, et nous avons lieu de croire qu'elle va recevoir une prompte solution.
Les Elections de Maires. Si certains maires destitués ou démissionnaires ont été réélus dans le
vote d'hier, il ne faut pas attribuer à ce résultat un autre sens que celui qu'il a véritablement.
Il n'y a nullement, dans ce fait, un acte d'hostilité envers le Gouvernement. Il ne combattait, en aucune
façon, l'élection de ces maires, qui d'ailleurs, avaient tous, à l'exception d'un seul, hautement
protesté contre l'établissement de la Commune.
Pas de rapport militaire aujourd'hui.
LUNDI, 7 novembre. - L'Affaire du Bourget. On lit dans le Journal officiel:
«Dans le récit de l'affaire du Bourget, quelques journaux ont prétendu que nos troupes auraient
manqué de vivres par la faute du service de l'intendance. Ce fait est inexact. Les commandants des corps
qui ont occupé le Bourget dans les journées des 2, 29 et 30 octobre ont fait parvenir à l'autorité
militaire supérieure des déclarations signées, desquelles il résulte que les distributions de vivres leur
ont été régulièrement faites.» Une des victimes de l'affaire du Bourget a été le commandant Ernest
Baroche, fils de l'ancien ministre. Les démarches faites pour obtenir son corps sont restées jusqu'ici
sans résultat. Les officiers prussiens qui commandaient au Bourget se sont contentés de répondre qu'il
était mort en brave, après s'être courageusement défendu.
L'Alimentation. On est fait maintenant au rationnement de la viande, et les quelques réclamations
qu'il avait suscitées se sont apaisées. On ne s'en plaignait, du reste, que parce qu'on y pensait. De
graves événements étant venus captiver l'attention publique, la question des vivres est passée au second
rang. Paris continue, du reste, a être largement ravitallé de légumes par les récoltes qui se font
dans les environs. Le poisson que la ville fait pêcher dans la Seine et la Marne, et dans les lacs du bois
de Vincennes et du bois de Boulogne, a fait aussi son apparition aux halles centrales, et il se vend des
prix très raisonnables, de 1 fr. 80 à 2 fr. le kilo. - Les Théâtres. Un instant interrompues
par les événements du 31 octobre, les représentations théâtrales ont repris leur cours. L'Opéra a eu
dimanche une très belle soirée, dont la recette a été consacrée aux victimes de Châ-
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teaudun. La veille, l'Ambigu avait donné la première représentation des Paysans de Lorraine.
Le public avait cru voir à travers ce titre une pièce de circonstance ; mais il n'y a trouvé qu'un drame
des plus ordinaires, n'ayant aucunement trait aux événements qui nous préoccupent.
MARDI, novembre. - L'Armistice. Il courait encore hier soir le bruit que les négociations
relatives à l'armistice pourraient se renouer, et que les quatre grandes puissances étaient disposées
à agir énergiquement dans ce but. Nous trouvons ce matin au Journal officiel une circulaire de
M. Jules Favre aux agents diplomatiques du Gouvernement de la République. Cette pièce qui se distingue
par la noblesse de style et l'élévation de pensées qu'on trouve dans tout ce qui sort de la plume de notre
grand ministre, ne contient aucun détil sur l'entrevue de M. Thiers et de M. de Bismark. Nous regrettons
de ne pouvoir la reproduire en entier dans notre petit journal, mais nous en donnerons les points
principaux :
Le Gouvernement de la défense nationale, légitimé par le vote imposant du 3 novembre, a pensé qu'il
lui appartenait de conférer sur la proposition d'armistice des quatre puissances, et qu'il pouvait
sans témérité, en espérer le succès. Désireux avant tout de s'effacer devant les mandataires du pays, et
d'arriver par eux, à une paix honorable, il a engagé les négociations dans les termes ordinaires du droit
des gens. - L'armistice devait comporter : 1o l'élection des députés sur tout le territoire, même sur
les parties envahies ; 2o une durée de 25 jours. ; 3o un ravitaillement proportionnel à cette durée. -
La Prusse n'a pas contesté les deux premières conditions, mais elle a fait, à propos du vote de l'Alsace
et de la Lorraine, certaines réserves qu'il n'y a pas eu lieu d'examiner, en présence de son refus
absolu d'admettre le ravitaillement. - En refusant le ravitaillement, la Prusse refuse l'armistice, et
cependant elle ose accuser le Gouvernement de livrer Paris à une famine certaine, en la forçant
de nous affamer. L'Europe jugera ce que valent de pareilles imputations. Quant au Gouvernement, il
maintient la proposition d'armistice comme le seul moyen de résoudre les questions redoutables qui
se posent aujourd'hui. Il veut «qu'il soit bien établi que, jusqu'à la dernière heure, préoccupé
des immenses et précieux intérêts qui lui sont confiés, il a tout fait pour rendre possible une paix
qui fût digne. On lui refuse les moyens de consulter la France : il interroge Paris, et Paris tout
entier se lève en armes pour montrer au Pays et au monde ce que peut un grand peuple quand il défend
son honneur, son foyer et l'indépendance de sa patrie.»
Pas de rapport militaire. C'est à peine si quelques coups de canon ont été tirés pendant les trois
jours qui viennent de s'écouler. Il a fait hier, du reste, un temps brumeux qui rendait difficile
toute opération militaire. Même temps aujourd'hui.
BOURSE. Dernier cours. 4 novembre : 3 p. 100 54.80 ; emprunt, 55.60. - 5 novembre : 3 p. 100.
54.50 ; emprunt, 55.60. - 7 novembre : 3 p. 100. 53 ; emprunt, 54.05.
D. JOUAUST.
Imprimerie, 338, rue Saint-Honoré.
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Dernières nouvelles. - Bruits persistants sur la reprise des négociations : on va jusqu'à dire qu'elles
se rouvriraient non plus sur l'armistice, mais sur la paix elle-même. L'espèce d'isolement où nous
laisse la province pourrait la faire considérer comme renonçant à régler avec nous le sort de la patrie,
ce qui autoriserait le Gouvernement à entamer les négociations de la paix, et à les conclure au besoin.
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Un grand merci à Philippe ROBY
(Philatélie72)
collectionneur passionné pour nous avoir transmis
les documents pour les numéros 2 à 10, 12 à 14, 18 à 21, 24, 26 à 28.
Ainsi qu'à Chantal S. pour le numéro 17.
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