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La Gazette des Absents (numéro 20)  
   
    
 
    ris a ordonné de larges coupes dans les bois de Vincennes et de Boulogne, et l'on fait
	abattre toutes les bordures des routes nationales et départementales. Après cela nous aurons enccore 
	les arbres de nos boulevards et de nos promenades. Dans ces abattis, dit le Journal officiel, 
	« on conciliera, autant que faire se pourra, les nécessités de la crise présente avec la conservation
	de cette couronne de verdure qui est l'orgueil de notre chère cité, mais nous ne devons pas hésiter à
	sacrifier pour la défense de la république et de la patrie. » Ajoutons qu'il y a lieu, dans cette
	circonstance, de compter sur le patriotisme de la classe aisée, qui devra limiter sa consommation à ce
	qui sera rigoureusement nécessaire, et ne pas contribuer par des approvisionnements exagérés, à diminuer 
	outre mesure les quantités existantes. - Les Oeuvres charitables. Il vient de s'ouvrir, en 
	faveur du travail des femmes, une souscription publique dont le but est de donner, sous forme de travail
	convenablement rémunéré, des secours aux ouvrières qui ne se décident point à invoquer l'assistance 
	publique, et de distribuer les objets confectionnés par elles à d'autres personnes nécessiteuses, femmes,
	vieillards et enfants. M. Jules Favre et M. Jules Ferry ont souscrit chacun pour une somme de mille 
	francs.
  
	- Cartes de visite et Etrennes. On ne s'enverra pas, dit-on de cartes de visite cette année, et 
	l'on fera bien : ne pouvant sortir de Paris ni les uns ni les autres, on ne manquera pas d'occasions de 
	se voir et de se rencontrer. Mais il y a lieu moins que jamais de supprimer les cartes qu'on envoyait 
	en province. Si l'on veut, sans prendre la peine d'écrire une lettre, donner signe de vie à quelque ami 
	éloigné, on pourra au revers de sa carte, écrire l'adresse du destinataire, et, si cette carte ne pèse
	pas plus de 4 grammes, elle sera emportée par les ballons moyennnant un affranchissement de 20 centimes.
	Avis donc aux plumes paresseuses.- Au sujet des étrennes, un père de famille vient d'avoir une 
	charmante idée. Il propose de faire fabriquer un ballon qui emporterait en province les cadeaux que nous 
	destinons à nos chers absents. Le  projet est d'une exécution simple et facile, et ferait de part et 
	d'autre bien des heureux.
  
	LUNDI, 26 décembre. - 25 décembre, soir. RAPPORT MILITAIRE disant que les troupes 
	ont cruellement souffert du froid la nuit dernière et que de nombreux cas de congélation se sont 
	produits. Le travail des tranchées est devenu impossible par suite de la dureté du sol. En conséquence, les 
	troupes qui ne sont pas nécessaires à la garde des positions occupées vont être cantonnées dans des abris.
	- Cette mesure n'implique à aucun degré l'abandon des opérations commencées. Le Gouvernement, le général,
	l'armée, le peuple, persévèrent plus que jamais dans la résolution de continuer la défense, au prix 
	de tous les sacrifices, jusqu'à une victoire définitive.(Officiel.)
  
	INFORMATIONS ET FAITS DIVERS.- Une Société politique. Il vient de se former, sous le titre
	d'Association des défenseurs de la république, une Société qui a pour but de maintenir la 
	république comme forme définitive de notre gouvernement, elle seule pouvant assurer toutes les libertés et
	la réalisation progressive et pacifique de l'égalité. L'Association se  
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 prononce pour la guerre à outrance jusqu'à l'expulsion des envahisseurs. - La
 Température. Nous sommes rudement éprouvés par la rigueur du froid. Le thermomètre descend toutes les 
 nuits jusqu'à 10 ou 14 degrés au dessous de zéro. La Seine a commencé hier à charrier ; en même temps 
 la crue est devenue considérable, et il est à penser que le fleuve va déborder (si ce n'est déjà fait) du côté
 de Choisy, sur les positions occupées par les Prussiens. Il est bien temps que la saison nous vienne 
 enfin en aide, après avoir sans cesse conspiré contre nous.
  
 MARDI, 27 décembre. - 26 décembre. RAPPORTS MILITAIRES, datés de midi,
 midi 35 et 4h 25, relatifs à une petite expédition sur le par de la Maison-Blanche. Attaqué d'abord par 
 la garde nationale, il a été définitivement occupé par trois bataillons de mobiles, sous la conduite 
 du colonel Valette. Le mur du parc a été complètement abattu, ce qui ôte désormais à l'ennemi la possibilité 
 de s'y abriter.
  
 INFORMATIONS ET FAITS DIVERS. - Un cadeau de Noël. Avant-hier le Gouvernement a voulu
 faire une surprise aux ménages. On a vendu dans les boucheries du boeuf, du vrai boeuf, et non pas du 
 cheval. Mais ce n'est pas tout : on a eu aussi du beurre! et c'est là le plus beau. Chacun n'en a
 reçu que 25 grammes ; mais pour l'époque c'était énorme.- La Taxe des absents. Faisant droit à de
 nombreuses demandes de dégrèvement qui lui avaient été adressées, la Mairie de Paris a résolu d'interpréter 
 d'une façon très large les intentions du Gouvernement. Ainsi l'on exemptera de l'impôt : les absents 
 pour service public ; ceux dont les appartements occupés par un parent ou un ami, ont subi les cahrges du 
 siège ; et en général toutes les bouches inutiles, femmes enfants et vieillards, que le Gouvernement
 avait invités à quitter la capitale.
  
 Communication du Gouvernement, relative aux événements militaires, et expliquant de nouveau que 
 c'est à la rigueur du froid qu'est due la cessation des opérations (1). 
 - Une Lettre prussienne. Un parlementaire allemand a remis hier matin une lettre adressée à 
 l'amiral de La Roncière, lettre qui, sous prétexte de proposer l'échange de prisonniers, nous apprend 
 la défaite de notre armée du Nord par le général Manteuffel, à l'est d'Amiens, le 23 et le 24. Le fait 
 peut être vrai ; mais ce qui est au moins aussi vrai, c'est qu'il y a là sur la population parisienne une
 tentative d'intimidation qui ne réussira pas plus que les précédentes (2).
  
 DEPARTS DES BALLONS-POSTE : 23 décembre, à 3 h. 30 du matin, la Délivrance, parti de la 
 gare du  Nord, et emportant un voyageur, 110 kilogrammes de lettres et 4 pigeons. 
 Il est aussi parti le 24 à 2h. 15 du matin, de la gare d'Orléans, un ballon, le Rouget-de-l'Isle,
  frété par des négociants.
  
  BOURSE. Derniers cours. 23 décembre : 3 p. 100, 52.75 ; emprunt, 54. - 24 décembre : 3 p. 100,
  52.60 ; emprunt, 53.70. - 26 decembre : 3 p. 100,  52.50 ; emprunt, 53.50.
  
D. JOUAUST.  
 Imprimerie, 338, rue Saint-Honoré. 
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(1-2).Nous faisons paraître un Supplément qui donne en entier la Communication
 du Gouvernement et la Lettre Prussienne.
  
 AVIS. Le No  21 de la  LETTRE-JOURNAL,qui paraîtra le samedi 31, sera spécialement
 destiné à la correspondance du premier jour de l'an. Sous ce titre : Cent-Cinq Jours de siège, il
 donnera un résumé des évenements accomplis depuis le 18 septembre, dont on pourra ainsi envoyer le récit,
 sans avoir à le faire soi-même, aux personnes à qui l'on écrit qu'à l'occasion du renouvellement de
 l'année.
  
 DERNIERES NOUVELLES. Mardi 4 h. soir. Les Prussiens ont commencé ce matin le 
 bombardement des forts de l'Est, de Noisy à Nogent, et du plateau d'Avron. A 11 heures le feu était très 
 vif. En ce moment l'on entend plus le canon. (V. Rapport militaire au Supplément.)
  
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  Un grand merci à Philippe ROBY 
  (Philatélie72)
  collectionneur passionné pour nous avoir transmis
les documents pour les numéros 2 à 10, 12 à 14, 18 à 21, 24, 26 à 28. 
Ainsi qu'à Chantal S. pour le numéro 17. 
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