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La Gazette des Absents (numéro 5)
N° 5, Samedi 5 Novembre 1870
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PARAIT Les Mercredi et Samedi
A 10 H. DU MATIN D. JOUAUST, REDACTEUR.
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LETTRE-JOURNAL
DE PARIS
Gazette des Absents
Prix : 15 centimes.
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EN VENTE A PARIS
Rue Saint-Honoré, 338
et au bureau du Figaro RUE ROSSINI, 3 ---- |
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MARDI, 1er novembre 1870. -- Le 31 octobre comptera parmi nos jours
d'angoisse. La malheureuse affaire du Bourget, la nouvelle de la capitulation de Metz, les
renseignements un peu inquiétants de la province, qui parait vouloir plutôt localiser sa défense
que constituer des grands corps d'armée pour venir au secours de Paris, toutes ces circonstances
réunies jettent dès le matin la population dans une émotion indescriptible. Le trouble
résultant de ses nouvelels se trouve encore augmenté par une fausse interprétation donnée à
la proposition d'armistice que M. Thiers apporte au nom des Puissances neutres. Certaines personnes
veulent y voir le commencement des négociations de paix, et vont jusqu'à prononcer le mot de trahison.
A partir de midi, la place de l'Hôtel de ville est envahie par la foule et par des compagnies de garde
nationale, qui arrivent aux cris de : Vive la Commune ! Pas d'armistice ! Le mouvement
populaire, dirigé par MM. Flourens et Félix Pyat, aboutit à des scènes de désordre dont le Journal
officiel fait mention ce matin dans les termes suivants : «L'Hôtel de ville, envahi dans
la journée pendant la délibération des membres du Gouvernement, a été délivré cette nuit, grâce au
concours empressé de la garde nationale et de la garde mobile, sans effusion de sang. »
Une commission des élections, constituée en dehors du Gouvernement de la défense nationale, ayant
convoqué les citoyens pour élire aujourd'hui même la municipalité, le Journal officiel prévient
dès ce matin que les élections n'auront pas lieu, et dans la journée une affiche, signée Jules Favre,
annonce que «la population de Paris votera jeudi prochain, par oui ou par non, sur
la question de savoir si l'élection de la municipalité et du gouvernement aura lieu à bref délai.»
Pas de rapport militaire aujourd'hui.
MERCREDI, 2 Novembre. - La Journée du 31 Octobre. Le Journal
officiel donne aujourd'hui le récit qu'il annoçit hier. Ne pouvant le reproduire en entier, nous en
donnons les principaux passages : - «Hier, le Journal officiel a appris aux Parisiens
la nouvelle de la capitulation de Metz ; le Gouvernement n'avait connu ce désastre que la veille dans
la soirée ; fidèle à ses habitudes de sincérité absolue, il l'a publiée en la recevant. Il annonçait en
même temps que l'ennemi avait repris le Bourget. Enfin, événement beaucoup plus grave, mais d'une
nature bien différente, il mentionnait la proposition d'un armistice faite aux belligérants par les
quatre grandes puissances : l'Angleterre, la Russie, l'Autriche et l'Italie. Une partie de la population
s'est persuadé que cette négociation ainsi introduite, non par nous, ni par l'ennemi, mais par les
grandes puissances européennes, était l'indice d'unne arrière-pensée de capitulation. De cette
erreur, de ces nouvelels ainsi rapprochées, ets née une émotion profonde qui, dès la nuit précédente,
s'était manifestée par eds attroupements
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sur le boulevard, et qui, vers deux heures de l'après-midi, dans la journée du 31 octobre
a jeté sur la place de l'Hôtel de ville une foule composée de plusieurs milliers de personnes. - A la
suite de ces attroupements, un grand scandale s'est produit. L'Hôtel de ville a été envahi, un comité de
salut public a été proclamé, les membres du Gouvernement ont été retenus pendant plusieurs heures
comme otages. Vers huit heures du soir, le général Troch, M. Emmanuel Arago et M. Jules Ferry, étaient
arrachés des mains de la sédition par le 106e bataillon de la garde nationale, commandant Ibos. Mais
M. Jules Favre, M. Garnier-Pagès, M. Jules Simon, le général Tamisier et le commandant du 106e demeuraient
prisonniers. - Ce n'est que vers trois heures du matin que ces scènes lamentables ont pris fin par
l'intervention des bataillons de la garde nationale, accourus en nombre immense autour de l'Hôtel
de ville sous la direction de M. Jules Ferry. Les cours intérieures ayant été occupées par la garde
mobile, plusieurs détachements du 106e bataillon de la garde nationale, du 4e, du 4e, et les carabiniers
du capitaine de Vresse, ont fait évacuer les salles envahies, tandis qu'au dehors, les gardes nationaux
qui remplissaient la place, les quais, et la rue de Rivoli, accueillaient par d'immenses acclamations
le général Trochu, passant sur le front des bataillons.» - Le Gouvernement annonce ensuite qu'il va
consulter la population pour savoir si elle lui maintient sa confiance. L'acclamation du 4 septembre
ne lui suffit plus, il demande la considération du suffrage universel. « Si le suffrage universel
prononce contre le Gouvernement actuel, dans les vingt-quatre heures la population sera mise à même
de le remplacer. S'il décide, au contraire, qu ele pouvoir restera dans le mêmes mains, les hommes
qui le tiennent aujourd'hui le conserveront avec cette consécration nouvelle. Mais, pour que personne ne
se trompe sur le sens du scrutin qui va s'ouvrir, ils déclarent avant l'élection que la journée du
31 octobre doit être la dernière journée de tout le siège ; qu'il n'accepteront désormais le
pouvoir que pour l'exercer dans la plénitude et même dans sa rigueur ; qu'ils ne souffriront plus
qu'aucun obstacle leur vienne du dedans.»
JEUDI, 3 octobre . - Pas de Rapport militaire. - Décret contenant cinq
nouvelles révocations de chefs de bataillon de la garde nationale.
INFORMATIONS ET FAITS DIVERS. - Le vote d'aujourd'hui. C'est aujourd'hui que nous devons
répondre à la question de confiance qui nous est posée par le Gouvernement. Toutes les mesures sont
prises pour que l'ordre soit maintenu penadant le scrutin de demain. La garde nationale est animée du
meilleur esprit, et la garde mobile a fait savoir au Gouvernement qu'il pouvait compter sur elle.
Comme, dans la situation actuelle, il n'y a pas de distinction à faire entre les défenseurs de Paris, la
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Un grand merci à Philippe ROBY
(Philatélie72)
collectionneur passionné pour nous avoir transmis
les documents pour les numéros 2 à 10, 12 à 14, 18 à 21, 24, 26 à 28.
Ainsi qu'à Chantal S. pour le numéro 17.
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