AÉROSTATION. -
Observations à propos de l'expédition du ballon le Duquesne.
Note de Monsieur W. De Fonvielle. (extrait par l'auteur.)
(Renvoi à la commission nommée pour les Communications relatives à l'aérostation.)
« Cet aérostat dirigeable est tombé près de Reims.
M. Richard et les trois matelots qu'il commandait ont été soustraits aux Prussiens par les habitants du pays.
« L'appareil de M. Labrousse est simple, facile à manoeuvrer, et avec son aide, d'après leur dire, les aéronautes sont parvenus à imprimer un mouvement de rotation au ballon
à plusieurs reprises.
Malheureusement il leur a été impossible de le maintenir dans un azimut déterminé.
Pour obvier à cet inconvénient, je propose de placer sur le bord de la nacelle un cadran solaire,
pourvu d'une aiguille mobile autour du style.
La direction de cette aiguille indiquera la ligne à laquelle
il faut ramener le ballon, en agissant sur l'une ou l'autre hélice.
Des expériences seront faites avec le Duquesne, à Lille, si la nouvelle administration des postes les autorise.
« Les deux hélices de M. Labrousse ont été fixées sur deux arbres, qui débordent du châssis de la nacelle.
Un de ces arbres s'est fiché en terre pendant le traînage et a fait chavirer la nacelle ; à la suite de cet accident, M. Richard a été grièvement blessé.
Pour en éviter le retour, il faut que les axes puissent être relevés pendant la descente.
« On sait que les nuages voyagent avec l'aérostat plongé dans la couche
d'air qui est en contact avec leur surface supérieure.
Pour les voyageurs placés dans la nacelle, ils offrent l'aspect d'un glacier.
Les expériences de direction peuvent donc être très facilement exécutées dans cette zone, où les points de repère marchent avec les aéronautes.
« Les longues lignes des nuages et les crêtes de leurs rides sont, en général, perpendiculaires à la direction du vent.
Ils offrent donc un moyen certain, dans la plupart des cas, d'apprécier la vitesse imprimée par le vent, en même temps que le mouvement différentiel imprimé par le mécanisme.
« L'aérostat, pour ces manoeuvres, doit être pourvu d'une soupape de précision que j'ai fait construire,
Et dont je publierai la description à la fin de la guerre.
Il faut aussi que l'appendice en soit hermétiquement clos.
J'ai adopté et une disposition que je ferai également connaître, et qui a été réalisée sous mes yeux à Lille.
Une expérience que je crois nouvelle montre très clairement l'importance de fermer l'orifice inférieur.
Un ballon renversé se vide par l'orifice qui a servi à le gonfler, de manière à se contracter complètement sous la pression de l'air extérieur.
Avec du gaz ordinaire, un ballon de 200 litres environ a mis quatre minutes à se vider par un orifice d'un demi centimètre. »
in Compte rendu fait à
l'Académie des Sciences par M. W. de Fonvielle |