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Les timbres au type Merson : Accident du Dragon d'Annam
Les courriers accidentés : ACCIDENT DU DRAGON D'ANNAM (19 Février 1929)
Le « Dragon d'Annam » ainsi baptisé pour symboliser la ville d'Hanoï, était un Bréguet biplan, muni d'un moteur Hispano-Suiza de 580
chevaux. Il était équipé d'un système complet de navigation sans visibilité et d'un poste TSF.
L'équipage (de gauche à droite) : Costes, Chef de bord, Bellonte, mécanicien-radio et Codos, second pilote et navigateur
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L'itinéraire envisagé était: Tripoli-Le Caire-Bassorah-Karachi-Allahabad-Calcutta-Hanoï.
Le 19 Février, à 17h40, l'appareil est sorti de son hangar, l'avion décolle sans difficulté, fait un tour de terrain et pique sur le Sud-Est. Arrivé à
500m d'altitude, une panne d'alimentation en carburant interrompt brutalement le vol. A 18h30, L'hélice s'arrête. Dans le noir, Costes distingue un noir
plus intense, il plaque l'avion dans un déchirement métallique, une odeur d'essence.
L'avion vient de s'incruster à 500m de la gare de Bondy, dans le terre-plein large de vingt mètres qui sépare les deux voies ferrées de la ligne Paris-Strasbourg. Le moteur, presque intact avait dévalé la
pente du talus, Un poteau télégraphique s'était profondément enfoncé dans l'aile.
Les passagers s'en tirent avec quelques contusions, seul Codos aura une une cheville foulée, des déchirures musculaires et
dû s'aliter. Dans son ouvrage "Routes de Ciel", paru en 1955, il relate en détail cet épisode (cf. plus bas).
Le courrier
L'avion embarquait neuf sacs de courrier postal (soit 55 kg 400) que Costes sortit immédiatement après l'accident de l'avion et le Commissaire Saint-Royre les transporta dans sa
voiture au Commissariat de Noisy-le-Sec où Costes les remis ensuite au receveur des P.T.T. de Noisy-le-Sec.
Costes parle de "90 kilos de courrier", Codos dans ses mémoires (cf. ci-après) "de 6000 lettres à destination de l'Indochine", mais il y avait plus probalement
environ 12000 lettres pour un poids total de 55 Kg 400 répartis dans les neufs sacs postaux.
- Et votre courrier ?
- Si dans cet atterrissage forcé notre Dragon d'Annam a été sérieusement endommagé, les sacs postaux que
l'administration nous avait confiés sont intacts. Nous les avons immédiatement mis en lieu sûr. Nous nous faisions une joie de
faire cette livraison samedi à Hanoï. Hélas lettres, journaux et colis vont être, comme disent les employés des
P. T. T. « retardés par accident »...
in Le Petit Parisien du mercredi 20 Février 1929
Costes n'a pas caché sa satisfaction d'emporter 90 Kilos de courrier.
« Cela représente, a-t-il ajouté la coquette somme de quatre-vingt dix mille francs. »
in L'Ouest-Eclair du mercredi 20 Février 1929
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Les plis concernés
Les directives de l'Administration des P.T.T. concernant ce vol étaient précisées : un cachet rond *POSTE ARERIENNE*FRANCE-INDOCHINE*18*19-2-29
serait apposé au centre de regroupement du courrier du Bourget une fois tout le courrier centralisé.
A la suite de l'accident, les 12000 plis furent revêtus de la mention en violet sur trois lignes :
"RAID INTERROMPU PAR ACCIDENT Retour à l'envoyeur"
Sur les 12000 plis, on se rendit compte avant le vol que, malgré ces consignes, quelques bureaux avaient déjà oblitéré par un cachet à date ordinaire
542 d'entre eux dont une cinquantaine de recommandés.
La poste annula les timbres avec le cachet ANNULE (Rouge ou noir) et -à ses frais- affranchit les lettres au verso, car le
plus souvent la place manquait sur le recto du pli,
L'affranchissement de tels plis était de 10 F 50 pour un pli simple et de 11 F 50 pour un pli en recommandé.
puis les oblitéra avec le cachet correct : *POSTE AERIENNE - FRANCE INDO-CHINE 18 * 19 - 2 29.
Il s'agit en l'occurrence d'un cas unique.
Pli accidenté Pli 1-Recto
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Pli accidenté Pli 1-Verso
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Pli accidenté Pli 2-Recto
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Pli accidenté Pli 2-Verso
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(Valeur de ce type de pli : Ces plis sont très recherchés et cotent entre 230 € (lettre simple)
et 450 € (lettre recommandée, réacheminée, timbres au verso,..)
L'Avion
L'avion était un Bréguet 284 T Monomoteur de transport.
8 exemplaires construits. Sesquiplan. Structure métallique.
Envergure : 17.25 m
Longueur : 12.70 m
Surface portante : 55.86 m²
Passagers : 8
Motorisation : 1 Hispano-Suiza 12Lbrx de 600 ch
Le récit de l'accident par Paul Codos
Routes de Ciel - Paul Codos - Avril 1955 - Éditions France Empire
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Photos André Alibert
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Un raid en Indochine de 8 kilomètres
«- Que dirais-tu d'un voyage en Indochine ?
Cette question que Costes me posa un jour, au Bourget, après quelques minutes d'un entretien banal, me cloua sur place.
Je m'étais évertué, en vain jusqu'alors, à mettre sur pied des tentatives de raids, et voici qu'une nouvelle espérance surgissait.
Je n'osais croire à cette invite de la chance.
Dernièrement encore, j'avais caressé le projet d'un parcours Paris-Saigon-Tokio et retour par la Russie. Faisant équipage avec le capitaine Puyperou, nous devions disposer d'un appareil bimoteur Blériot. Tout semblait marcher à souhait. Hélas ! au dernier moment, plus d'avion. Certes, l'organisme qui dirigeait alors l'Aviation civile était bien disposé à mon égard, mais aucun service, sans refuser pour autant son accord, ne voulait prendre la responsabilité de me livrer l'appareil.
Ma déception avait été vive.
Bah ! tout cela ne comptait plus : l'Orient s'ouvrait de nouveau devant moi en ce début de l'année 1929. Costes me précisa les modalités du raid. A lui les responsabilités du chef de bord ; Bellonte serait mécanicien-radio ; j'aurais les fonctions de second pilote et de navigateur.
Une berline Breguet biplan 284T, munie d'un moteur Hispano-Suiza de 550 C.V., nous était attribuée. Baptisé pour la circonstance Dragon d'Annam, notre appareil avait reçu un équipement, complet pour l'époque, de pilotage sans visibilité et de navigation : contrôleur de vol, clinomètre, navigraphe, quadrant Favé, etc...
Les essais du poste de T.S.F. à ondes courtes, effectués avec l'ingénieur pilote Minguet, furent plus que concluants : les postes de Dakar et de Tunis enregistrèrent nos messages le plus aisément du monde. C'était un progrès étonnant pour l'époque, qui renforça notre confiance.
Notre itinéraire comportait une première étape à Tri-poli, puis viendraient Le Caire, Bassorah, Karachi, Allahabad, Calcutta et Hanoï.
Alors que les meilleurs bateaux mettaient près d'un mois pour atteindre l'Indochine, une liaison en trois jours et demi, ainsi que nous pensions le faire, apparaissait comme un objectif de première grandeur.
C'est la raison pour laquelle un autre équipage : Paillard, Le Brix et Jousse, sur un Bernard-Hispano, envisageait également cette performance.
Ils pensaient partir approximativement à la même date que nous, mais suivant un parcours différent.
Costes, ayant surmonté une brusque attaque de diphtérie, avait décidé que nous décollerions le 18 février. De mauvaises circonstances atmosphériques firent remettre le départ au lendemain...
En cette fin d'après-midi, tandis que nous procédons aux derniers aménagements de la cabine, rangeant nos effets personnels et les quelques vivres dont nous aurons besoin jusqu'à notre premier atterrissage, le crépuscule et la brume commencent à envahir le terrain du Bourget.
Cela ne nous inquiète pas outre mesure, car la météo nous a promis une nette amélioration dès que nous aurons quitté la région parisienne.
Nous sommes tous trois pleins d'espoir et bavardons sans arrière-pensée avec les personnalités qui nous entourent. Il y a là M. Couhé, secrétaire général du ministère de l'Air, le constructeur Louis Breguet et l'ingénieur Birkigt, mes camarades d'Air-Union, avec Laulhé, Chovard, Corsin, et de nombreux pilotes, dont Carretier.
À 17 h 40, le Dragon d'Annam est sorti de son hangar. Le magnésium des photographes troue brutalement la demi-obscurité qui s'épaissit peu à peu.
Toute cette atmosphère me comble. Certes, je ne me sens pas précisément l'état d'âme d'une jeune fille qui fait ses débuts dans le monde, mais un premier raid, pour un pilote, c'est un peu la griserie d'un premier bal : un espoir longtemps bercé qui se réalise.
Au diable le lyrisme ! L'appareil est maintenant en position de départ. Costes s'installe au poste de pilote, Bellonte et moi embarquons à sa suite.
Une dernière vérification. Oui, les sacs postaux que les P.T.T. nous ont confiés sont bien à bord. Ils contiennent plus de 6.000 lettres à destination de l'Indochine.
Costes ouvre les gaz. Nous décollons avec facilité. Un tour de terrain, nous piquons vers le sud-est.
Le cap donné, je me dirige vers l'installation aménagée dans la partie supérieure de la cabine pour surveiller la dérive et la route.
Nous sommes environ à 500 mètres d'altitude lorsque le ronronnement du moteur s'interrompt. Une courte reprise, un toussotement : l'hélice s'arrête.
D'un bond, j'ai regagné ma place. Je saute sur les robinets de vidange. J'y rencontre la main de Costes qui s'y pose au même moment.
Une pression rapide, nous sentons que l'avion s'allège.
Au-dessous, c'est le noir parsemé de lumières clignotantes. Nous allons percuter une agglomération.
Costes s'est rivé aux commandes. Dans ces ténèbres, il distingue un noir plus intense. L'aile inclinée frôle des toits. Le trou sombre est là. Costes plaque l'avion. Un bruit enveloppant, un déchirement de tôle qui semble nous pénétrer, de multiples chocs, une intense odeur d'essence.
Le silence.
- Personne n'a rien ? haleta Costes.
- Ça va, répondit Bellonte.
Péniblement, je parvins à articuler :
- Moi aussi.
Je ne pouvais bouger. Complètement coincé entre les réservoirs, je sentais maintenant une douleur sourdre de ma cheville, gagner ma jambe et s'irradier à la hauteur des reins.
Mes compagnons s'empressèrent. Après de multiples efforts, je parvins à sortir de la cabine. Nous étions saufs. Notre premier regard fut pour l'appareil.
C'est à Bondy, à moins de soixante mètres du pont qui enjambe la ligne Paris-Strasbourg, que notre avion s'était incrusté dans le terre-plein large de vingt mètres qui sépare deux séries de voies.
Le moteur presque intact avait dévalé la pente du talus, tandis que l'extrémité de l'aile droite atteignait le niveau du ballast, à moins d'un mètre des rails.
La demi-aile inférieure gauche complètement retour-née laissait apercevoir les lettres d'immatriculation. Un poteau télégraphique s'était, à l'emplanture, profondément enfoncé dans l'aile.
Le train d'atterrissage, enterré, avait perdu une roue que l'on retrouva à plusieurs dizaines de mètres.
Les vitres de la cabine étaient en miettes et le fuselage, replié sur lui-même, avait cédé juste au ras des sièges.
Le Dragon d'Annam ne verrait jamais le pays du « Midi pacifié ». Une incompréhensible panne d'alimentation avait mis fin à mes premiers pas d'aviateur de raids.
Le bal s'était terminé trop tôt...
- Tu peux me croire, Paul, nous remettrons ça, me dit Costes. En attendant, va te faire soigner, nous resterons ici.
Ne voulant pas être hospitalisé, je demandai simple-ment à rentrer au Bourget. Une voiture fut mise à ma disposition.
Avant de quitter les lieux, je voulus récupérer mon matériel de navigation. Il manquait une montre de marine « Auricoste ».
- Voyez, devait me faire remarquer celui qui me la rendit le lendemain, le choc a été dur, elle est toute détraquée.
La montre était en bon état, mais le brave homme ignorait les subtilités de l'heure sidérale !
Le téléphone étant un moyen de communication plus rapide que la route, c'est avec la tête de gens au courant de l'accident que m'accueillirent mes camarades.
- Tu reviens de loin... me dit Carretier.
Avec un sourire forcé, je rétorquai
- Non, cela fait tout juste huit kilomètres.
Mais, à dire vrai, je n'avais guère envie de plaisanter. Finalement, je dus m'aliter et rester allongé, car, outre ma cheville foulée, j'avais des déchirures musculaires importantes dans la région lombaire.
Je n'étais plus à un mois de clinique près, mais pourtant les jours me parurent bien longs jusqu'à mon lever.»
In Routes de Ciel - Paul Codos - Avril 1955 - Éditions France Empire
Articles dans la Presse de l'époque
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Costes s'arrête à Bondy
A Ja date qu'ils s'étaient fixée, pour tenter leur raid vers l'Indochine, les aviateurs Costes, Codos et Bellonte avaient pris
leur vol, hier soir, du Bourget. Hélas un incident banal, une stupide obstruction d'un tuyau d'alimentation devait contraindre
les aviateurs à l'atterrissage, quelques minutes après leur départ. Ils survolaient alors la grande banlieue parisienne. Costes
risqua le tout pour le tout, il tenta, dans le noir, le presque impossible atterrissage.
L'arrivée au sol se fit de façon brusquée, comme bien on pense, l'appareil fut brisé complètement, mais par bonheur personne
n'était blessé et les trois aviateurs se tiraient sains et saufs de cet accident, qui aurait pu être très grave.
Nous avons eu la bonne fortune d'avoir, hier soir, au téléphone, Dieudonné Costes. Il venait de rentrer chez lui après ce
malheureux accident.
- Eh oui nous dit-il, mon raid est terminé, provisoirement terminé.
- Comment cela vous est-il arrivé ? demandons-nous.
C'est la panne, la petite panne absurde, un tuyau d'alimentation d'essence bouché. Il fallut atterrir. Nous survolions Bondy.
Devant l'inévitable, je risquais le tout pour le tout. Mais que voulez-vous faire dans ia nuit, le noir complet aggravé par le
brouillard ? Le contact avec le sol fut brutal, d'autant plus brutal que1 nous sommes entrés dans un talus du chemin
de fer. L'appareil a été complètement détruit. Par miracle, nous nous en sommes tirés sains et saufs. C'est le principal!
Comme nous déplorons cet accident, qui arrête là un raid appelé à un si grand retentissement, Costes nous répond
Ce n'est rien, il n'y a plus qu'à recommencer, car dites bien que nous recommencerons et que, cette fois, nous réussirons
Admirable courage, étonnante ténacité de ces hommes de l'air que rien, même l'accident le plus grave, ne peut rebuter,
et dont l'inaltérable confiance mérite de connaître le plus beau et le plus complet des succès.
L'accident
Voici, d'autre part, donné par des témoins oculaires, le récit détaillé de l'accident Le Dragon-d'Annam nom de l'avion
de Costes-Codos-Bellonte est tombé à 500 mètres environ de la gare de Bondy, à la limite des communes de Bondy et de
Noisy, tout près d'un pont surplombant la voie ferrée. Les trains Paris-Strasbourg, montants et descendants, frôlent, dans
l'ombre, les longs plans de l'appareil, qui barrent le talus entre les deux paires de rails.
Il était 18 h. 15 lorsque l'accident se produisit. Costes et ses compagnons volaient depuis 17 h 54 dans des conditions
parfaites lorsque l'essence cessa d'arriver dans le moteur. Aussitôt le pilote décida d'atterrir. Il réussit à s'approcher du sol
assez lentement pour vidanger les 1,900 litres d'essence emmagasinés dans deux réservoirs qui devaient alimenter la première
partie du raid, l'étape Paris-Tripoli, et éviter l'incendie.
La berline toucha terre du côté de la voie montante. Elle heurta un poteau, fit un quart de tour, rebondit et, laissant au
passage des débris de son train d'atterrissage, franchit les quelques mètres qui la séparaient du talus intérieur. C'est au
sommet de ce talus qu'elle se percha, après avoir accroché, de son plan gauche, un autre poteau autour duquel elle pivota.
André Reichel.
in Le Figaro du mercredi 20 Février 1929
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Costes et ses compagnons ont échappé à un grave accident
Partis dans la soirée du Bourget, pour leur voyage Paris-Hanoï, ils ont atterri, par suite d'une panne, près de la
gare de Bondy, après quelques minutes de vol
ILS SONT INDEMNES, MAIS LEUR AVION LE "DRAGON D'ANNAM" EST COMPLÈTEMENT DÉTRUIT
Le voyage de Costes vers l'Extrême-Orient, qui s'annonçait sous les meilleurs auspices - notre glorieux aviateur
n'avait-il pas à sa disposition un matériel de tout premier ordre - a failli se terminer tragiquement, à quelques kilomètres
seulement du départ, dans les circonstances dramatiques que nous rapportons pius loin
C'est un échec, mais un échec sans importance grave, se bornant, sans plus, à des dégâts matériels c'est donc un
échec parfaitement réparable et qui sera réparé. Costes, en effet, est un vaillant, qui n'a jamais senti le découragement et
dont les premiers mots après l'accident furent ceux-ci :
- Qu'on me donne un nouvel appareil Et je repars !
Etait-il, en semblable circonstance, possible de trouver des paroles plus froidement héroïques, plus simplement admirables ?
LES DERNIERS PRÉPARATIFS
A Villacoublay et au Bourget
Tout avait été méticuleusement préparé par Costes, Codos et le mécanicien-radiotélégraphtste Bellonte, en vue d'assurer le
succès du voyage commercial Paris-Hanoï
Hier matin, dès 9 heures, l'équipage, au complet, était à Villacoublay. Tandis que Bellonte, et Costes lui-même, vérifiaient
une dernière fois le moteur et les diverses installations, les ingénieurs radiotélégraphistes Minguet et Lagrue,
surveillaient attentivement le réglage de l'appareil émetteur de T. S. F.
A 10 heures, tout était terminé, et l'appareil était amené sur le terrain, en vue de procéder à un dernier essai.
Tous les organes fonctionnèrent parfaitement, et, vers midi, le Dragon d'Annam, piloté par Codos, était conduit au
Bourget. Il fut remisé dans un hangar de l'Air-Union.
Il en fut extrait à 17 heures. Costes et Codos, qui venaient d'arriver, surveillèrent la mise en marche des moteurs,
firent une dernière inspection, et, à 17 h. 40, prirent place bord, emportant 55 kilos de courrier postal.
Encore quelques instants, et, un quart d'heure plus tard, le signal de l'envol était donné.
Le Dragon d'Annam, superbement enlevé, décollait en moins de 500 mètres, et, après avoir effectue un tour de
l'aérodrome, pour prendre de la hauteur, piquait vers le sud dans la nuit.
Panne d'essence !
Le départ avait été superbe.
La foule assemblée au Bourget s'était retirée, lorsque, soudain, comme un coup de foudre, la tragique nouvelle
arrivait, imprécise d'abord, puis plus circonstanciée : le Dragon d'Annam était tombé à moins de huit kilomètres
de son point de départ, à la gare de Bondy.
Par la suite, on apprenait les ciroonstances de l'accident.
Après quelques minutes de marche, en survolant, à 500 mètres de hauteur, la banlieue nord-est, Costes constata des irrégularités
dans le fonctionnement de son moteur, qui ne tarda pas à ralentir et s'arrêter compietement. Une panne
d'alimentation venait d'interrompre la marche de l'appareil qui planait en pleine nuit au-dessus d'importantes agglomérations
dans un coin populeux de la banlieue (Noisy-le-Sec et Bondy). La chute, c'était la catastrophe certaine. Avec une
merveilleuse présence d'esprit, Costes manœuvra et fit la vidange des réservoirs, tout en cherchant un terrain sur
lequel il pouvait tenter un atterrissage, il aperçu un trou noir. C'était un remblai, large d'une quarantaine de mètres,
entre les voies des lignes Paris-Strasbourg, à Bondy, à proximité du pont du chemin de fer du boulevard Jules-Ferry
et de la voie de la grande ceinture.
L'avion descendant avec rapidité vint se poser sur le terre-plein et roula sur ce
terrain cahoteux situé à environ 400 mètres de la gare de Bondy.
Un poteau télégraphique fut heurté : il était temps A quelques mètres de là était la voie du chemin de fer, très animée à
cette heure, par le passage des trains de banlieue et des rapides. L'avion toucha de son hélice et de son moteur
le poteau et la cellule fut brisée.
Déjà Costes, Bellonte et Codos avaient pu se dégager. Ils avaient échappé à une mort certaine par un miracle inespéré et
aussi par l'esprit de décision et l'habileté de manoeuvre du pilote.
Costes et Bellonte étaient indemnes ; Paul Codos souffrait des reins et d'une foulure de la cheville droite. Tous trois
furent reconduits à leur domicile par les soins de M. Saint-Royre commissaire de police de Noisy-le-Sec, après que Costes
eut remis au receveur des P. T. T. de la localité les neuf sacs de courrier postal qu'il avait pu retirer de l'avion.
Il était environ 6 h. 15 et c'était l'heure de la sortie des ateliers et usines ; aussitôt la nouvelle se répandit et
les curieux accoururent en foule.
Un service d'ordre fut organisé pour protéger les débris du Dragon-d'Annam qui gisait sur le sol, son aile gauche
presque complètement détachée et son train d'atterrissage brisé.
LE RÉCIT DE COSTES
A Passy rue des Marronniers, le calme. Peu de gens encore connaissent la nouvelle de l'accident survenu au héros
de l'Atlantique Sud.
- M. Costes ? nous dit le concierge. Mais il n'est pas chez lui. Il doit partir du Bourget à l'heure actuelle...
Ce brave homme ne sait rien encore.
Sur notre insistance, il veut bien nous indiquer l'appartement. C'est Costes lui-même qui, très aimablement, nous reçoit.
- Le Petit Parisien.
- C'est aimable à vous d'être venus si vite aux nouvelles qui, vous le savez déjà, sont moins mauvaises qu'on n'aurait pu
le craindre.
Il est de fait que Costes ne donne pas l'impression d'un homme qui vient de frôler la mort. Et n'était sa voix, légèrement
tremblante, on dirait que rien d'anormal ne s'est produit chez lui depuis les quelques heures où, sur le terrain de
Villacoublay, nous nous entretenions en assistant aux derniers préparatifs avant l'envol du Dragon-d'Annam pour l'aéroport
du Bourget :
- Après un décollage d'une remarquable facilité, malgré le poids de l'appareil, nous nous étions enfoncés dans
la nuit. Le ciel était pur. Au-dessous de nous des milliers de feux scintillaient, le moteur ronronnait admirablement. Notre
satisfaction fut de bien courte durée puisque en arrivant au-dessus de Bondy, le bruit du moteur cessa brusquement.
» Rapidement, je fis une inspection de mes robinets, ce qui ne changea rien à la situation. L'hélice tournait encore,
grâce à la vitesse acquise, mais je ne pouvais espérer aller loin encore. C'était la panne d'essence.
Au-dessous de nous, à droite, à gauche, des lumières sans fin. Déposer mes deux braves compagnons Codos et Bellonte sur ces
paquets de maison ? Il me fallait tout, prix les sortir de ce mauvais pas. Apercevant un « trou noir » je m'y dtrigeai,
tentant la chance. Elle ne nous servait point trop mal, puisque nous nous posâmes, assez, rudement,j'en conviens, et en
« cassant du bois ».
» Apres ce brusque contact qui avait été précédé de l'accrochage d'un poteau télégraphique, nous eûmes la joie de
nous retrouver tous trois sains et saufs Ce qui importait.
- Et votre courrier ?
- Si dans cet atterrissage forcé notre Dragon d'Annam a été sérieusement endommagé, les sacs postaux que
l'administration nous avait confiés sont intacts. Nous les avons immédiatement mis en lieu sûr. Nous nous faisions une joie de
faire cette livraison samedi à Hanoï. Hélas lettres, journaux et colis vont être, comme disent les employés des
P. T. T. « retardés par accident »...
Costes, toujours aussi loquace, allait prolonger l'entretien lorsqu'une grêle sonnerie téléphonique retentit
- Excusez-moi, nous dit-il, c'est certainement un de vos confrères qui vient aux renseignements.
Et souriant, le vaillant pilote nous accompagna avec son amabilité toujours égale.
Codos et Bellonte confirment
Nous avons pu également rencontrer, au Bourget, où ils avaient été ramemés à la suite de leur accident, Codos et Bellonte,
compagnons de voyage de Costes. Ils nous ont confirmé en tous points les déclarations du chef de la mission.
- C'est une panne d'alimentation qui a provoqué le brusque arrêt du moteur. Il n'y avait plus qu'à vidanger notre
essence et à chercher un coin propice à l'atterrissage, ce que fit Costes avec son remarquable esprit de décision. Comme
vous avez pu le voir, il nous amena brusquement au sol, mais sans dommages pour nous.
» Nous n'avons pas la moindre blessure, précisent-ils.
C'est heureux !...
Une enquête
Des personnalités de l'aviation vinrent aussitôt pour rechercher les causes de la chute et des dégâts ; mais l'obscurité
empêchant toute constatation précise, il fut décidé d'ajourner à ce matin tout examen approfondi mais en laissant l'avion
exactement dans sa situation.
Les ordres les plus stricts furent donnés en ce sens au service d'ordre.
in Le Petit Parisien du mercredi 20 Février 1929
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LE RAID PARIS-HANOÏ COSTES prend son vol et tombe à Bondy
L'accident serait dû à une panne d'essence
L'appareil est détruit
LES AVIATEURS SONT SAINS ET SAUFS
Depuis midi 52 le Dragon d'Annam semblait dormir - monstre silencieux autour duquel affairés - dans un des grands hangars de l'aéroport
du Bourget. L'aviateur Costes, avant de quitter Villacoublay pour gagner son point de départ définitif avait effectué
un essai de T.S.F. sur ondes courtes entre 10 et 11 heures. Tout semblait dès lors au point, et rien ne pouvait laisser prévoir
le pénible accident qui bientôt devait survenir, sans toutefois, fort heureusement, causer de blessures au vaillant équipage.
L'après-midi au Bourget
Dès l'arrivée du Dragon d'Annam au Bourget, une équipe de l'ingénieur Buquet et du chef d'équipe Ramondou, s'est mise en devoir
de procéder aux derniers préparatifs. L'avion absorbe 1900 litres d'essence et environ 110 litres d'huile. Un nombreux
matériel composé de pièces de rechange, de vivres, de réserves d'armes telles que carabines et révolver, est embarqué après avoir dûment été pesé
car il ne faut pas dépasser la charge utile, déterminée au certificat de navigabilité, qui est au total de 3700 kilos.
Un service d'ordre important dirigé par M. Roux, commissaire de police d'Aubervilliers, est organisé, car l'appareil est déjà
entouré d'un nombreux public
Costes, après avoir reconnu le frêt postal dont il va avoir la charge jusqu'en Indochine, et dont le poids total
est de 55 kilos 400, se rend au bureau où se trouvent ses compagnons de route, Codos et Bellonte. Parmi les personnalité présentes,
citons : MM. Louis et Jacques Bréguet, Lacoste, Coué représentant M. Laurent-Eynac, Bathint, le colonel Anthoinat,
commandant en second du 34 ème régiment d'aviation, et de nombreux officiers de ce régiment, notamment les capitaines
Rignot et Coudouret. Les préparatifs sont bientôt terminés ; les mécaniciens ont recapoté le moteur. A mesure que le jour
décline une légère brume s'élève ; les prévisions météorologiques sont toujours satisfaisantes.
L'envol
Les lampes s'allument par séries... au-dessus de chaque hangar apparaît une étoile rouge. L'avion est dans un bain de lumière
artificielle. Costes, Codos et Bellonte serrent les mains. Voici 1 heure... Déjà les limites du terrain ont disparu dans le
brouillard bleu. Un phare tournant commence à percer le ciel de son pinceau estompé.
- Evacuez le hangar ! crie-t-on.
Costes a revêtu sa combinaison de vol
Le bruit court lui disons-nous, qu'un quatrième passager ...
L'avion de Costes après la chute
- Non réplique-t-il c'est faux. Je vous l'affirme. Du reste, j'embarque 70 kilos de bagages nouveaux.
-A quelle heure demain l'atterrissage à Tripoli ?
- Huit heures sans doute
Voilà où l'on sent toute l'ironie du hasard. L'homme qui parlait était si confiant !
17 h 40. Seize hommes poussent l'énorme machine sur l'aire de départ. Costes, Codos et Bellonte suivent, devisant avec
leurs amis. Bientôt tous trois montent dans la carlingue. Les portes se referment
- Ne vous en faites pas ! crie Bellonte
Essai du moteur. onnerre et tempête. Costes qui est au poste de pilotage lève le bras gauche... Roulant à vive allure, le Dragon d'Annam,
au milieu des éclairs de magnésium, gagne l'extrémité du terrain, face aux hangars du 34e régiment d'aviation.
La voix d'un haut-parleur domine :
- Evacuez la piste. Prière à Messieurs les photographes de ne pas abuser du magnésium au moment du décollage de l'avion
Quelues secondes s'écoulent dans le silence presque revenu. Un petit vent glacial balaie la poussière
17h 54. Voici l'avion qui émerge du brouillard. Il court.. Il décolle merveilleusement en 300 mètres, salué par
l'assistance. « Au revoir ! » crie-t-on de toutes parts. Le petit pincement au coeur qui est intimement lié à
l'instant des grands départs est passé.
Après avoir effectué un tour au-dessus de l'aérodrome, et fait marcher ses signaux lumineux, l'avion pique franchement sur Paris,
prenant la direction du Sud
Atterrissage brutal
Le vol si magnifiquement commencé devait être bref. En effet, par suite d'une panne d'alimentation d'essence survenue à
50 mètres environ de la gare de Bondy, l'avion a été contraint d'atterrir. Manoeuvre extrèmement difficile en raison du poids
de la machine.
Le Dragon d'Annam, qui a heurté un poteau télégraphique est entièrement détruit. Fort heureusement, l'équipage est sain et
sauf. Le courrier postal a pu être sauvé et transporté au commissariat de police de Noisy-le-Sec.
Ce que dit Codos
Quelques instants après, Costes regagne Paris en automobile.
De leur côté, le pilote Paul Codos et le mécanicien Bellonte, ayant pris une voiture à Noisy-le-Sec, sont rentrés au Bourget
à 19h 30. Codos a déclaré au buffet de l'aéroport :
- Au-dessus de Bondy, il y a eu un manque d'alimentation nette du moteur. Nous avons coupé le contact et vidangé les 1900 litres d'essence.
Nous nous sommes posés où nous avons pu, dans une zone limitée par deux voies de chemin de fer. Le tran d'atterrissage s'est rompu au
contact des obstacles d'un terrain très accidenté, entraînant le bris complet de l'appareil, mais nous avons pu rouler
suffisamment pour amortir notre vitesse propre. Comme vous voyez nous n'avons eu aucun mal.
Tandis que Paillard, Le Brix et Jousse accomplissaient à une vitesse remarquable le début de laur voyage vers Saïgon,
Costes, Codos et Bellonte, fidèles à l'engagement qu'ils avaient pris, préparaient leur départ.
Ils espéraient rattrapper et, si possible, dépasser leurs rivaux qui avaient acquis une importante avance. Toute la journée
se passa à des essais de T.S.F., à une révision complète de l'appareil. Et même en attendant l'heure du départ, - 17h 50 - les trois vaillants
purent goûter les charmes de la cabine où ils pensaient devoir séjourner pendant 80 heures sans pour ainsi dire, en descendre. Cette
cabine était luxueuse et dotée de tout le confort moderne : couchettes, fauteuil, table, invitaient au voyage.
- Voici le vol comme on doit le pratiquer, nous déclarait Costes. Nous arriverons à Hanoï, fraîchement rasés,
brossés et élégants, comme si nous débarquions à Asnières, venant de Paris.
Hélas ! les prévisions du grand héros ne devaient pas être réalisées
Le maître-pilote, l'incomparble virtuose connut hier pour la première fois depuis son premier raid important entrepris
avec le regretté Thierry, les atteintes de la fatalité
Un incident stupide, une panne d'alimentation d'essence quelques instants après le départ, à 50 mètres de la gare de Bondy,
causa l'atterrissage brusque. Par malchance, un poteau télégraphique se trouvait là ; l'avion le heurta et ce fut la chute qui
ne pardonne pas : le magnifique avion fut détruit, mais fort heureusement sans mal pour l'équipage, qui put rentrer aussitôt à Paris,
tandis que le courrier postal qu'il devait emporter était transporté au commissariat de Noisy-le-Sec.
Tout est bien qui finit mal ! Mais soyons sûrs que Costes prendra prochainement une revanche éclatante sur le mauvais
sort dont il se vengera splendidement en nous émerveillant par une de ces randonnées dont il a le secret.
Les impressions de Costes
Nous avons pu nous entretenir avec Costes qui était déjà remis de son émotion :
- Jamais, nous dit-il, je n'ai eu autant l'impression d'avoir les pattes cassées à titre définitif. La panne d'essence
nous est arrivée alors que nous étions à 500 mètres au-dessus des maisons, en survolant Bondy. J'avais peur d'aller
nous écraser parmi ces habitations. Je cherchais partout et partout je voyais des lumières, juqu'au moment - oh ! la divine
seconde ! - où je découvris un trou noir. C'était le salut... tout au moins pour ceux que nous aurions pu atteindre dans une agglomération.
» Mais nous ? A la grâce de Dieu ! Je descendais, je faisias agir sur les vide-vite, ce qui ne nous empêchait
pas d'être encore très lourds. D'autre part, je ne voulais pas descendre trop rapidement. Nous arrivons sur le terrain
inconnu, où ne brille aucune clarté, nous accrochons des fils, nous heurtons un poteau et c'est l'écrasement. Pas une
égratignure ! Quelle chance ! »
Puis l'as nous demande où en sont Le Brix, Paillard et Jousse. Nous lui donnons des nouvelles et Costes nous fait cette
belle réflexion qui montre son grand coeur :
« Je suis content pour eux et je leur souhaite bonne chance. »
Comme quoi devant le danger, la chevalerie reprend ses droits, -Jacques Moriane
in Le Petit Journal du mercredi 20 Février 1929
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Costes et Codos ayant pris le départ hier soir du Bourget sont victimes d'une panne et
leur appareil est brisé
VILLACOUBLAY, 19 février. - Avant de rejoindre Le Bourget, les aviateurs Costes et Codos ont procédé ce matin à Villacoublay,
à un ultime essai de T. S. F.
LE BOURGET, 19 février. - L'avion Dragon d'Annam, des aviateurs Costes, Codos et Bellonte, est arrivé à 12h 52 en vue de son départ
ce soir pour Hanoï. Costes a confirmé son départ du Bourget ce soir pour Hanoï
« Nous avons employé la journée d'hier aux derniers préparatifs, nous a dit l'aviateur, et aujourd'hui, hommes et matériel sont
fin prêts.
« Nous partirons entre 17h 30 et 18 heures pour la première étape qui est, comme vous le savez Tripoli, ce qui
représente une distance de 2500 kilomètres.»
Costes n'a pas caché sa satisfaction d'emporter 90 Kilos de courrier.
« Cela représente, a-t-il ajouté la coquette somme de quatre-vingt dix mille francs. »
LE BOURGET, 19 février.- Le Dragon d'Annam, ayant à son bord Costes, Bellonte et Codos a pris son vol à 17h 53
La panne
Paris, 19 février.- Costes et ses compagnons ont été obligés d'atterrir par suite d'une panne d'alimentation à 200 mètres de la gare de Bondy, vers 18h45
L'appareil est brisé. Les aviateurs sont indemnes.
Le récit de Costes
Nous avons pu nous entretenir pendant quelques instants au téléphone avec Dieudonné Costes ; le vaillant pilote nous a fait de
son accident le récit suivant conté avec bonne humeur set sans la moindre émotion :
« Nous nous trouvions environ à 500 mètres d'altitude, lorsque soudain le moteur faiblit, puis s'arrêta net. C'était une panne sèche !
Fort probablement, une tuyauterie s'était rompue et l'essence n'arrivait plus dans notre « moulin »
« Il n'y avait pas deux décisions à prendre ! Il fallait atterrir. Pas commode dans la nuit et au-dessus des agglomérations !
J'ai recherché un emplacement dépourvu de maisons. Croyant l'avoir trouvé, j'ai posé mon avion dans le noir, juste au bord du
talus de la voie de chemin de fer. Il y a eu de la casse. Mais par une veine vraiment étaonnante, nous sommes sortis des débris
de notre Dragon d'Annam sans une égratignure. Vrai ! Il y a un Bon Dieu pour nous »..
Tandis que nous félicitions le valeureux aviateur de s'être tiré à si bon compte, lui et ses compagnons, d'un accident
qui avec la charge d'essence, eût pu lui être terrible, Costes ajoute : « Vous savez, je repartirai dès que j'aurai
un autre appareil ».
in L'Ouest-Eclair du mercredi 20 Février 1929
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LES RAIDS VERS L'INDOCHINE L'AVION DE COSTES
CAPOTE A NOISY-LE-SEC
Une panne, malencontreuse d'essence
Dès 12 h. 50, hier, le Dragon d'Annam, la berline Bréguet-Hispano-Suiza de l'équipage Costes, Codos et Bellonte, est arrivé au Boùrget.
Une équipe de mécaniciens, sous la direction de l'ingénieur Ramondoux, a terminé aussitôt la mise au point de l'appareil.
Moteur et cellule sont soumis à un dernier examen, tandis que Bellonte visite de nouveau son appareil de T. S. F. Puis,
on commence à faire le plein des réservoirs d'essence, qui est de 1,500 litres. Les aviateurs, en effet, ne peuvent pas
prendre plus de combustible, car ils emportent du matériel de rechange, des vivres de réserve, une carabine, des revolvers
et deux « coupe-coupe ».
Il est 17 h 52 quand les trois aviateurs quittent le Bourget.
heures, par suite d'une panne d'essence, l'avion est obligé d'atterrir,
dans la brume, à Noisy-le-Sec. L'avion est brisé, mais les aviateurs sont indemnes.
Un récit de Costes
Costes a fait avec bonne humeur le récit de son accident
« Nous nous trouvions environ à 500 mètres d'altitude, lorsque, soudain, le moteur faiblit, puis s'arrêta net. C'était une
panne sèche Fort probablement, une tuyauterie s'était rompue, et l'essence n'arrivait plus dans notre « moulin ».
Il n'y avait pas deux décisions à prendre il fallait atterrir.»
Pas commode dans la nuit, et au-dessus des agglomérations » J'ai recherché un emplacement dépourvu de maisons. Croyant
l'avoir trouvé, j'ai posé mon avion dans le noir, juste au bord du talus de la voie de chemin de fer.»
Il y a eu de la casse. Mais, par une veine vraiment étonnante, nous sommes sortis des débris de notre Dragon d'Annam sans une
égratignure. Vrai il y. a un bon Dieu pour nous. »
C'est à 500 mètres environ de la gare de Bondy que l'accident s'est produit ; à la limite des communes de Bondy et
de Noisy, tout près d'un pont surplombant la voie ferrée.
Il était 18 h 15, Costes et ses compagnons volaient depuis 17 h 54 dans des conditions parfaites, lorsque l'essençe cessa
d'arriver dans le moteur. Aussitôt le pilote décida d'atterrir, et il réussit à ne s'approcher du sol qu'assez
lentement pour vidanger à l'avance les 1,900 litres d'essence emmagasinés dans deux réservoirs, qui devaient alimenter la première
partie du raid, l'étape Paris-Tripoli.
La berline toucha terre du côté de la voie montante. Elle heurta un poteau, fit un quart de tour, rebondit, et, laissant au
passage des débris de son train d'atterrissage, franchit les quelques mètres qui la séparaient du talus intérieur. C'est au
sommet de ce talus qu'elle se percha, mais après avoir accroché, de son plan gauche, un autre poteau autour duquel elle pivota.
Les courageux aviateurs avaient eu la chance merveilleuse de n'être nullement blessés. Seul Codos, éprouvait une
légère douleur aux reins et devait s'apercevoir, en outre, un peu plus tard qu'il s'était foulé la cheville droite.
Tandis que des témoins de la chute commençaient à courir vers l'avion, Costes et ses compagnons se hâtèrent d'enlever de la
carlingue les neuf sacs de courrier destinés à l'Indochine. M. Saint-Royre, commissaire de police de Noisy-le-Sec, qui avait été rapidement
prévenu, ne tarda pas à arriver sur les lieux. Il organisa un service d'ordre.
in Le Gaulois du mercredi 20 Février 1929
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LE "DRAGON D'ANNAM" EST DETRUIT PEU APRES SON DEPART
(Photos ROL ET MEURISSE.) L'avion Dragon-d'Annam, qui s'est écrasé sur le sol, à 400 mètres
de la gare de Bondy. Au-dessus, ses occupants ; de gauche à droite : Bellonte, Costes et Codos.
Noisy-le-Sec, 19 février - C'est à 400 mètres de la gare de Bondy, le long des voies ferrées montante et descendante de la ligne de chemin de fer
Paris-Strasbourg, que l'avion de Costes, Codos et Bellonte est tombé, peu après avoir quitté l'aérodrome du Bourget.
Il était environ 6h 10, nous déclare un témoin, lorsque l'on vit l'avion approcher rapidement du sol (...) "On ne pourra s'en rendre compte qu'au jour et encore ! En tout cas,
nous faisons garder notre appareil avec la consigne de ne laisser approcher personne. Un examen attentif permettra
peut-être de déterminer les causes de cet arrêt".
Toute la soirée des centaines de spectateurs défileront sur le lieu de l'accident, mais sévèrement gardé. Plus personne ne peut approcher de (...)
in Presse locale du mercredi 20 Février 1929 reproduit partiellement dans Echo de la Timbrologie N°1766 -Septembre 2003
Article de Bernard Fox "Essai de Liaison postale aérienne France-Indochine"
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Le "Dragon d'Annam parti hier soir du Bourget est partiellement détruit dans un atterrissage forcé près de la gare de bondy
MAIS UNE MANOEUVRE HABILE DE COSTES SAUVA L'EQUIPAGE D'UNE CATASTROPHE
Ce qu'il reste du "Dragon d'Annam" après que Costes l'eût "assis" entre les deux voies de chemin de fer de la ligne de l'Est, près de la gare
de Bondy. Et, chose curieuse, ces dégâts ne sont pas irréparables, et Costes estime que le même fuselage servira pour la mise en état d'un "Dragon-
d'Annam n°2" avec lequel il tentera de nouveau le raid Paris-Hanoï.
En haut : le départ du Bourget.
Dans les médaillons, de haut en bas : COSTES, BELLONTE et CODOS
L'une des randonnées aériennes de France-Indochine, a pris fin à quelques 5 kilomètres du départ.
Alors que le Dragon d'Annam de Costes, Codos et Bellonte avait effectué, quelques minutes avant 18 heures,
la nuit venue, un superbe décollage au terrain d'aviation du Bourget, une panne sèche, cinq minutes après
ce départ surprit le pilote au-dessus de la ville de Bondy.
Une manoeuvre excessivement habile de Costes, passé maître dans l'art d'atterrir de jour comme de nuit,
l'avion "assis" sur un terre-plein entre deux lignes du chemin de fer de l'Est, près de la gare de Bondy,
cet avion en partie brisé et le rêve de l'équipage était évanoui pour l'instant... Mais par bonheur, aucun des
trois hommes n'était blessé.
- Dans un cas comme celui-ci, nous a dit Dieudonné Costes quelques instants après cet accident, ce n'est
pas "rigolo".
"Ce qu'il y a eu à mon avis, c'est certainement une tuyauterie d'essence bouchée ou cassée. C'est une panne
d'alimentation très nette. Ce n'est pas une panne d'allumage, car il n'y eut aucun raté. Une panne sèche, absolument sèche.
"A quelle hauteur nous trouvions-nous? A 400 mètres environ. Vous savez... je n'ai pas exactement repéré la hauteur. Il fallait se tirer de là.
J'ai commencé à vidanger 1200 litres sur les 1900 qu'il y avait à bord.
"Comment ai-je chois mon terrain? Oh! uniquement par intuition. Je me suis dit qu'il fallait aller là où
il n'y avait ni rues, ni gare. Il était naturel de choisir un endroit plongé dans l'ombre.
"Vous pensez que ce terrain, je ne l'ai pas vu, ni même que je n'ai vu le poteau contre lequel mon aile
s'est brisée. Ce terrain,ce poteau? Zéro!
"J'ai piqué dessus, et au moment où je me suis trouvé à hauteur des becs de gaz, j'ai tiré sur le gouvernail et
j'ai "assis" l'appareil.
"Si je recommencerai? Mais bien sûr. La question ne se pose pas pour moi ni pour mes compagnons. Quoi
que l'avion semble détruit, il ne l'est que partiellement. Le fuselage est entier fait entièrement en métal est encore bon.
Il suffit qu'il soit réparé.
"Et je suis sûr que dans peu de temps, nous repartirons de nouveau du Bourget avec le Dragon d'Annam n°2..."
in Le Matin du mercredi 20 Février 1929
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Costes Plane Crashes In Indo-China Flight
French Aviator Starts in Pursuit of Le Brix but has accident near Paris
Paris, Feb. 19—(AP)— Dieudonne Costes, starting out in pursuit of his former comrade but present rival Joseph
Le Brix on an intended flight to Indo-China, crashed in Bondy Forest, a few miles outside of Paris, today.
Costes plane "The Annam Dragon" was destroyed but he and his substitute pilot, Jacques Codos and his wireless
operator, Edmond Bellonte, escaped with scratches and a few torn ligaments.
Le Brix Still In Air
Le Brix took off yesterday in a plane called the "Marseilles-Indo-China." He was accompanied by Sergeant Major
Antonoine Paillard.
They landed safely at Tunis, left there this morning and at last reports were winging their way past
Bagdad enroute to India.
The split between Costes and Le Brix began when they reached La Paz, Bolivia,on their memorable plane
and ship tour around the world in 1927-28. At La Paz Le Brix complained that Costes was taking too much of
the limelight at official receptions given by the French minister.
At Washington an open break came at a reception in the French embassy. Friends of the aviators
said that a fistic encounter was narrowly averted, but matters were patched up.
in The Cornell Daily Sun 20 Février 1929
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Ordre du Dragon d'Annam
Le Dragon d'Annam Carte de l'Exposition Coloniale - 1931(1)
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Ordre du Dragon d'Annam recto
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Ordre du Dragon d'Annam verso(2)
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Le "Dragon d'Annam" de S.M. Bao Dai recto
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Le "Dragon d'Annam" de S.M. Bao Dai verso (3)
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(1) Hanoï, la capitale du Viêt Nam, était anciennement connue sous le nom de Thang Long (de Thang, signifiant « grandir,
développer, s'élever, voler, monter » et Long, signifiant « dragon »), toujours utilisé pour parler de la capitale avec une
certaine emphase. En l'an 1010, le roi Ly Thai To déplaça la capitale de Hoa Lu à Dai La pour des raisons développées dans le
Chieu doi do (Proclamation royale du déplacement de la capitale). Il vit un dragon jaune (Rong vang) voler dans le ciel bleu
et changea dès lors le nom de Dai La en Thang Long, signifiant de la sorte « le futur lumineux et développé du Vietnam ».
(Source : Wikipédia)
(2) Cette décoration a été créée le 14 mars 1886 par le roi d'Annam, notre protégé d'accord avec le gouvernement
français. L'insigne consiste en une étoile au-dessus de laquelle se trouve une couronne surmontée d'un dragon.
De même que le Nicham tunisien, cet ordre est copié sur la Légion d'honneur française. La première classe (grands-croix)
porte l'écharpe, avec une plaque de même forme que la décoration ; la seconde classe (grands-officiers) porte
la plaque, mais non l'écharpe, etc.
Le ruban est de deux sortes, suivant qu'il s'agit d'un civil ou d'un militaire : il est vert, avec une raie orange
sur chaque bord pour les civils ; blanc, avec la raie également orange, pour les militaires.
(3) Le dragon d'Annam - S.M. Bao Daï. Livre de 1980, édité par Plon, 382 pages. Cloîtré dans l'enceinte de la Cité
interdite pendant les neuf premières années de sa vie, le futur empereur Bao-Daï reçoit la formation rigide d'un prince asiatique
que le destin a designé pour le trône. Les préceptes de Confucius, le rituel des cérémonies dont il sera le Pontife suprême
constituent ses seules études, accomplies dans la méditation et l'isolement d'un palais oriental. Il passe les neuf années
suivantes dans le Paris de l'après guerre, découvre l'occident, dévore notre littérature classique et contemporaine, suit
les cours de Sciences Po, se passionne pour le sport. A moins de vingt ans il monte sur le trône d'Annam. Il est le Fils du Ciel,
à la fois dieu et homme, père et mère d'un peuple fin, spirituel, travailleur, héritier d'une très vieille civilisation qui,
dans le respect de la tradition, anime une société remarquablement organisée autour de la famille, du village et de l'empereur.
Il choisit alors pour nom de règne : Bao-Daï, le protecteur de la grandeur. L'indépendance et l'unité du Vietnam conditionnent
cette grandeur. L'empereur Bao-Daï va en poursuivre la réalisation... En ce XXe siècle finissant, alors que tout le monde
angoissé attend de la confrontation entre l'Orient et 'lOccident l'enfantement d'une ère nouvelle. S.M. Bao-Daï porte en
lui au plus haut degré l'empreinte de cette rencontre. Le même drame se joue à travers son expérience exceptionnelle,
comme dans les déchirements et l'holocauste d'un peuple auquel il n'a cessé de porter l'affection d'un père, partageant
ses misères et son exil. Un drame dont la scène risque de s'étendre au monde tout entier. Après 25 ans de silence et
de réflexion, aujourd'hui, S.M. Bao-Daï a décidé de parler.
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