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La Gazette des Absents (numéro 12)



tations sont, par la composition du programme, bien moins des spectacles que des réunions artistiques et littéraires, voient affluer un public avide de donner à son intelligence un aliment qu'elle ne trouve ni dans nos rapports militaires, ni dans les élucubrations de M. de Bismarck. - Les Nouvelles de province. Nous sommes inondés de nouvelles de la province que nous apportent des journaux étrangers. Mais la facilité avec laquelle ils arrivent jusqu'à nous doit nous faire suspecter l'excatitude de leurs récits. Aussi ne les lit-on qu'avec une certaine indifférence, et l'on attend avec résignation, les dépêches officielles du gouvernement de Tours.

LUNDI, 28 novembre. - Pas de rapport militaire.
INFORMATIONS ET FAITS DIVERS. - Les Dépêches privées. Depuis quelques jours les télégrammes privés nous arrivent en grand nombre : tous s'accordent sur ce point, que le pays entier se soulève, que les armées s'organisent et s'apprêtent à venir au secours de Paris. Par une singularité assez inexplicable, il ne nous est pas encore parvenu de dépêches du sud-est de la France : ainsi, rien de Marseille, Toulon, Draguignan, Grenoble, Gap, etc. La distribution des télégrammes à domicile, se fait avec une grande ponctualité. Il n'y an a, jusqu'à présent, que très peu qui n'aient pas été remis à leurs destinataires par suite d'adresses incomplètes. L'administration a le soin de donner la liste de ceux qui restent en souffrance. Nous indéiquerons plus tard ceux qui, définitivement, n'auront pas été retirés. - Les Pigeons. On aurait pu craindre que les pigeons vinssent un jour à nous manquer ; mais, sans compter ceux qui nous reviennent, et qui sont les meilleurs, les éleveurs ont ont une abondante réserve, qui nous conduirait bien au-delà du temps que pourrait durer le siège. - Les Chemins de fer. Les communications par voie ferrée sont rétablies avec Saint-Maur, ainsi qu'avec Saint-Denis, et la Compagnie de l'Ouest se dispose à reprendre, jusqu'aux stations où il sera possible de s'avancer, l'exploitation des lignes d'Argenteuil, de Saint-Germain, et de Versailles.

INFORMATIONS ET FAITS DIVERS. - Les Compagnies de guerre. Il y a tous ces jours-ci grand mouvement dans Paris au sujet des compagnies de guerre de la garde nationale, qui s'aquipent et se rendent successivement à leurs postes. On est émerveillé de leur bonne tenue et de leur allure martiale. Les compagnies sédentaires de chaque bataillon vont reconduire celles qui partent pour voir l'ennemi de plus près, et, arrivées au rempart, on se sépare en se faisant de patriotiques adieux. - L'Espionnage. La fermeture des portes de Paris a fait découvrir un certain nombre d'espions, hommes et femmes, qui, se touvant ainsi entravés dans l'exercice de leur misérable industrie, tentaient néanmoins de franchir l'enceinte. On prétend qu'un de nos généraux a pris le parti de faire passer par les armes deux ou trois filles de mauvaise vie surprises en flagrant délit d'espionnage.

MARDI, 29 novembre. - Pas de rapport militaire, quoique le le canon ait terriblement grondé ces trois nuits dernières. En présence des graves événements qui se préparent, on comprend le silence du Gouvernement sur les faits militaires.

Décrets : formant la légion de garde nationale de Seine-et-Oise : - accordant un subside complément-
  taire de 75 centimes aux femmes des gardes nationaux qui reçoivent déjà le subside de 1f. 50.

PROCLAMATION au gouverneur, aux citoyens et aux soldats : «La politique d'envahissement et de conquête entend achever son oeuvre. Elle introduit en Europe et prétend fonder en FRance le droit de la force. L'Europe peut subir cet outrage en silence, mais la France veut combattre, et nos frères nous appellent au dehors pour la lutte suprême. Après tant de sang versé, le sang va couler de nouveau. Que la responsabilité en retombe sur ceux dont la détestable ambition foule aux pieds les lois de la civilisation moderne et de la justice. Mettant notre confiance en Dieu, marchons en avant pour la patrie.»

Proclamation du général Ducrot à la 2e armée, lui annonçant que le moment est venu de rompre le cercle de fer qui nous encercle. Les débuts seront difficiles, et il y aura un vigoureux effort à faire mais il n'est pas au-dessus de nos forces. Plus de 400 canons, dont deux tiers au moins du plus gros calibre, accompagneront l'armée, qui se composera de plus de 150,000 homme biens armés, bien équipés, abondamment pourvus de munitions. «Pour moi, dit le général Ducrot, je ne rentrerai dans Paris que mort ou victorieux ; vous pourrez me voir tomber, mais vous ne me verrez pas reculer. Alors ne vous arrêtez pas, mais vengez-moi. »

Proclamation du Gouverneur à la population de Paris annonçant que le moment était arrivé de tenter l'effort réclamé par l'honneur et le salut de la France. «Quelle que soit la violence des émotions qui nous agitent, ayons le courage de demeurer calme ; cherchons surtout notre force dans l'inébranlable résolution d'étouffer, comme un germe de mort honteuse, tout ferment de discorde civile.»

LA SITUATION. - Le moment des efforts suprêmes est arrivé. Le Gouvernement vient de l'annoncer à la population et à l'armée. Pendant qu'une partie de l'armée ennemie est allée au-devant de l'armée de la Loire, nous allons tenter de rompre le cercle dans lequel nous sommes enfermés depuis près de deux mois et demi. On comprend l'impatience dans la crise que nous traversons ; mais c'est contre l'impatience surtout que nous devons réagir. Que chacun affirme son patriotisme : le soldat, en obéissant courageusement aux ordres de ses chefs ; le bourgeois, en prêtant au Gouvernement un appui sincère et désintéressé. Discipline dans les camps, confiance dans la cité : telle doit être aujourd'hui la devise de tous les Français.

DEPARTS DES BALLONS-POSTE : Jeudi soir 24 novembre, La Ville d'Orléans, emportant dépêches et pigeons ; lundi soir 28, Le Jacquard, n'emportant que des dépêches.

BOURSE. Derniers cours. 25 novembre : 3 p. 100, 53.20 ; emprunt, 54.35. - 26 novembre : 3 p. 100, 53.20 ; emprunt, 54.40. - 28 novembre : 3 p. 100, 53.30 ; emprunt, 54.40.

D. JOUAUST.




Imprimerie, 338, rue Saint-Honoré.

Dernières nouvelles, midi.- A la suite de la canonnade de cette nuit et d'une brillante charge de cavalerie, nous avons repris Choisy-le-Roy. Nous aurions coupé au régiment de uhlans. - Pertes des Prussiens considérables. - Le 112e de ligne a résolûment donné. La bataille continue.
Nous publierons un supplément s'il y a lieu.


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Un grand merci à Philippe ROBY (Philatélie72) collectionneur passionné pour nous avoir transmis les documents pour les numéros 2 à 10, 12 à 14, 18 à 21, 24, 26 à 28.
Ainsi qu'à Chantal S. pour le numéro 17.


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Toussaint COPPOLANI
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