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La Gazette des Absents (numéro 10)



mistice avec le statu quo, ou dans la simple convocation des électeurs sans armistice conclu par convention, auquel cas la Prusse aurait ccordé toutes liberté et facilité compatibles avec la sûreté militaire. M. de Bismarck conclut que ce double refus que notre Gouvernement n'a jamais voulu sérieusement ni l'armistice, ni la convocation d'une assemblée nationale. - Le Gouvernement annonce pour demain une réponse du Ministre des affaires étrangères à M. de Bismarck.

MARDI, 22 novembre. - RAPPORT MILITAIRE : 21 novembre, soir. Pendant la nuit dernière, une vive fusillade a eu lieu sur le front de nos lignes du Sud ; elle a été appuyée par le canon des forts. Il n'y a eu aucun incident particulier à faire ressortir.

Décret portant réquisition des pommes de terre.

Arrêté décidant qu'à partir du 30 novembre la Compagnie du gaz cessera toute livraison aux particuliers et aux établissements publics.

Circulaire du Ministre des affaires étrangères à tous les agents de la France à l'étranger. C'est à regret que nous ne pouvons reproduire en entier ce précieux document, qui remplirait un numéro entier de notre petit journal. Nous allons l'analyser de notre mieux.

D'abord il n'est pas exact, comme on pourrait l'induire de la circulaire de M. de Bismarck, que M. Thiers ait demandé l'ouverture d'une négociation au nom du Gouvernement de la défense nationale, et que la Prusse l'ait acceptée par égard pour le caractère personnel de notre envoyé. C'est au nom des puissances neutres que M. Thiers s'est présenté à la Prusse, et c'est l'une d'elles qui a fait auprès de la Prusse la démarche qui a donné à notre négociateur l'occasion d'entrer en pourparlers. Déjà, le 20 octobre, lord Granville adressait à lord Loftus une dépêche communiquée au cabinet de Berlin, et dans laquelle il exposait les raison d'intérêt européen qui devait amener la cessation de la guerre. Il y faisait appel en même temps aux sentiments d'humanité du roi de Prusse et à la sagesse du Gouvernement français, qui devait accepter, pour arriver au rétablissement de la paix, « toutes les concessions compatibles, dans la situation actuelle, avec l'honneur de la France.»

En même temps l'ambassadeur anglais insistait à Tours pour la conclusion d'un armistice dans les termes du droit commun, c'est-à-dire avec ravitaillement proportionnel à la durée. C'est aussi dans ces termes qu'il fut compris par les autres puissances et directement proposé à la Prusse par une correspondance et des télégrammes auxqels elle adhéra. Notre ministre du commerce avait ensuite arrêté minutieusement les chiffres d'une consommation journalière et modérée, et seuls ils servaient de base à notre réclamation, strictement limitée au nombre de jours de l'armistice. Il est donc inexact que nous ayons demandé l'approvisionnement sur une grande échelle ; et la Prusse n'eût peut-être pas retiré sa première adhésion aux propositions des puissances sans la reddition de Metz et la journée du 31 octobre, accueillie par elle avec une satisfaction mal dissimulée. L'armistice sans ravitaillement n'était ni équitable, ni sérieux ; il ne nous présentait qu'une déception et un péril et rendait dérisoire la convocation d'une assemblée.

  Quant à la convocation d'une assemblée sans armistice, le Gouvernement l'aurait acceptée avec joie s'il l'avait crue compatible avec la défense. Il sent trop la terrible responsabilité qui pèse sur sa tête pour ne pas chercher à s'en décharger le plus tôt possible en amenant la convocation d'une assemblée qui était et qui est encore son voeu le plus cher. C'est dans ce sens que M. Jules Favre avait abordé à Ferrières M. de Bismarck, et l'on sait de qui est venu le refus : car n'était-ce pas un refus que de vouloir placer les députés de la France sous le canon d'un fort livré à l'armée prussienne ? Une convocation sans armistice, tout en nous épargnant cette honte, aurait livré les élections aux caprices de l'ennemi et à des impossibilités matérielle énervant notre action militaire. Le Gouvernement, ne consultant que sa conscience, a sacrifié à l'intérêt de la défense et le vif désir qu'il avait d'échapper aux difficultés inextricables de la situation en s'effaçant devant les représentatnts réguliers de la France.

Le Gouvernement a maudit et condamné la guerre, il la maudit et la condamne encore aujourd'hui ; mais il persiste à penser que discontinuer la défense sans armistice régulier, c'est y renoncer complètement. Le pays tout entier proteste contre une pareille idée. On lui demande de voter : il fait mieux, il s'arme. Déjà nos soldats sont victorieux sur la Loire. Paris, plus résolu que jamais, est prêt à les imiter, et le Gouvernement a la certitude que chacun fera son devoir.

Le circulaire de M. Jules Favre se termine ainsi : «Le Gouvernement n'a donc pas, comme l'en accuse le chancelier de la Confédération du Nord, cherché à se concilier l'appui de l'Europe en paraissant se prêter à une négociation qu'il avait en réalité le dessein de rompre. Il repousse hautement une pareille imputation. Il a accepté avec reconnaissance l'intervention des puissances neutres, et s'est loyalement efforcé de la faire réussir dans les termes que l'une d'elles avait indiqué en rappelant dans son télégramme «les sentiments de justice et d'humainté auxquels la Prusse devait se conformer.» A cette heure suprême, il s'en remettrait volontiers au jugement de ceux dont la voix bienveillante n'a pas été écoutée : ce n'est pas d'eux que lui viendrait un conseil de défaillance. APrès lui avoir donné leur appui mora, ils estimeront qu'il continue à le mériter en défendant énergiquement le principe qu'ils ont posé ; il est prêt à convoquer une assemblée, si un armistice avec ravitaillement le lui permet. Mais il faut qu'il soit bien entendu qu'en le refusant, la Prusse, malgré toutes ses déclarations contraire cherche à augmenter nos embarras en nous empêchant de consulter la France : c'est donc à elle seule que doit être renvoyée la responsabilité d'une rupture démontrant une fois de plus qu'elle est déterminée à tout braver pour faire triompher sa politique de conquête violente et de domination européenne. »

DEPARTS DES BALLONS-POSTE. - Samedi soir, le Général Uhrich ; lundi soir 21, l'Archimède. Ces deux aérostats ont emporté des pigeons.

BOURSE. Derniers cours. 18 novembre : 3 p. 100, 53.45 ; emprunt, 55. - 19 novembre: 3 p. 100, 53.70 ; emprunt, 54.65. - 21 novembre : 3 p. 100, 53.50 : emprunt, 54.70

D. JOUAUST.



Imprimerie, 338, rue Saint-Honoré.


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Un grand merci à Philippe ROBY (Philatélie72) collectionneur passionné pour nous avoir transmis les documents pour les numéros 2 à 10, 12 à 14, 18 à 21, 24, 26 à 28.
Ainsi qu'à Chantal S. pour le numéro 17.


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Toussaint COPPOLANI
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