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La Gazette des Absents (numéro 4)
N° 4, Mardi 1er Novembre 1870
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PARAIT Les Mercredi et Samedi
A 10 H. DU MATIN
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LETTRE-JOURNAL
DE PARIS
Gazette des Absents
Prix : 15 centimes.
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EN VENTE A PARIS
Rue Saint-Honoré, 338
et au bureau du Figaro RUE ROSSINI, 3 ---- |
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AVIS. --Etant obligé, à cause de la Toussaint,
de faire tirer le lundi notre numéro du mercredi, c'est au lundi que nous avons dû l'arrêter. Le
numéro de samedi prochain commencera donc au mardi 1er novembre.
SAMEDI, 29 octobre 1870. -- RAPPORT MILITAIRE : 28 Octobre, 7 h. soir.
Ce matin, avant le jour, le général de Bellemare a fait exécuter une surprise sur le Bourget par les
francs-tireurs de la Presse. Après une fusillade d'une demi-heure, l'ennemi a été débusqué du village
et rejeté en arrière du ruisseau de la Morée, vers le pont Iblon. Dans la journée, trente pièces
d'artillerie et des forces considérables d'infanterie ennemies sont descendues de Gonesse et d'Ecouen.
Leur feu n'a pu faire quitter le Bourget à nos hommes (deux bataillons de soutien), et, après
une canonnade de plusieurs heures, la plus grande partie du corps ennemi s'est repliée vers le nord.
Nos tirailleurs sont restés placés en avant du village, à la hauteur de la route No 20, venant de
Dugny à la route de Lille. Le gros de nos troupes est resté dans le village du Bourget, qu'elles vont
mettre en état de défense. Drancy a été également occupé, sans que l'ennemi ait tenté de se défendre.
Il a laissé entre nos mains quelques prisonniers, des sacs et des armes.
ACTES OFFICIELS.- Décrets : reservant exclusivement la décoration de la Légion d'honneur
à la récompense eds services militaires ; - supprimant la garde impériale ; - ouvrant un crédit
de 40,000 fr. pour être affecté à la construction des ballons, et chargeant M. Dupuy de Lôme de
s'occuper de l'exécution et de la direction des travaux «avec toute l'activité possible.»
INFORMATIONS ET FAITS DIVERS. - Correspondance photographique. On s'occupe très
sérieusement, à l'administration des postes d'appliquer à la correspondance privée le système des
dépêches photographiées, employé par le gouvernement. On enverrait de Paris une série de questions
auxquelels les pigeons apporteraient les réponses réunies sur un petit papier par le procédé
photographique. On estime qu'un seul pigeon pourrait rapporter jusqu'à vingt mille réponses. -
Les Lettres prussiennes. Toutes les lettres trouvées sur les blessés prussiens sont unanimes
sur ce point, que l'ennemeni a été fort étonné de notre résistance, et les réflexions qu'elle lui
inspire sont empreintes d'une mélncolie qui ressemble un peu au découragement. - Culture
maraîchère. Tous les marais de Paris qui sont protégés par le feu de nos forts vont être mis
en culture. On y plantera des verdures qui viendront donner à notre alimentation un nouvel appoint,
précieux surtout si nous sommes forcés d'en venir à l'usage exclusif de la viande salée. -
Le Charbon. On s'était beaucoup inquiété de l'imminence du manque de
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charbon de bois. L'administration va être en mesure d'en fournir deux cents sacs par
jour. D'un autre côté, les marchands viennent d'être autorisés à fabriquer du charbon. Voilà donc
une inquiétude qui peut aller rejoindre les autres.
DIMANCHE, 30 Octobre, 1870. - RAPPORTS MILITAIRES : Saint-Denis, 28
Octobre. (Ce rapport, du général de Bellemare, est l'amplification de celui qu'on a lu plus
haut. Le général appuie sur la précision et la vigueur avec laquelle les francs-tireurs de la Presse
ont exécuté le mouvement qui leur a été commandé, et déclare hautement qu'il n'a eu qu'à se louer
du sang-froid et de l'énergie de nos troupes. Il conclut ainsi son rapport : ) La prise du Bourget,
audacieusement attaqué, vigoureusement tenu, malgré la nombreuse artillerie de l'ennemi, est une opération
peu importante en elle-même ; mais elle donne la preuve que même sans artillerie, nos jeunes troupes
peuvent et doivent rester sous le feu plus terrifiant que véritablement meurtrier de l'ennemi. Elle
élargit le cercle de notre occupation au-delà des forts, donne de la confiance à nos soldats et augmente
les ressources en légumes pour la population parisienne. Nos pertes, que je ne connais pas encore
exactement, sont minimes (tout au plus une vingtaine de blessés et quatre ou cinq tués). Nous avons
fait quelques prisonniers. - P. S. 29 Octobre, 6 h. matin. Hier, à 7h. 1/2, l'ennemi essaya une
attaque à la baïonnette à la gauche du village. Reçu à bout portant par une compagnie du 14e mobile,
il s'enfuit à la première décharge, laissant deux blessés entre nos mains. A la faveur de la nuit,
il put emporter les autres blessés et les morts, parmi lesquels on m'assure que se trouve un officier.
(Cette attque nous a coûté 2 tués et 7 blessés.) Les blessés prisonniers ont déclaré que nous avions eu
devant nous, dans la journée d'hier deux régiments de la garde et quatre batteries d'artillerie. La
nuit a été calme ; rien de nouveau ce matin. - 29 Octobre, 7 h. matin. A la suite
du rapport adressé ce matin, le général de Bellemare a envoyé vers midi la dépêche suivante : « Le
feu continue par intermittence, comme hier. Pas d'attaque d'infanterie, nous sommes en très bonne
position ; nous tenos et nous y restons. Les résultats du combat d'hier au soir ont été importants ; le
terrain en avant de nos tirailleurs est couvert de cadavres prussiens ; un de leurs officiers, blessé,
est prisonnier.» Dans l'attaque, le feu des batteries a cessé, et elles se sont repliées vers
Gonesse.
ACTES OFFICIELS. - Décrets : appelant à l'activité les jeunes gens qui forment le contingent
de la classe de 1870 ; - instituant une commission cahrgée d'assurer la bonne exécution et la complète
utilisation des commndes d'armes, munitions et matériel de guerre, faites soit par le gouvernement,
soit à la suite de souscriptions dues à l'initiative privée. -
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Un grand merci à Philippe ROBY
(Philatélie72)
collectionneur passionné pour nous avoir transmis
les documents pour les numéros 2 à 10, 12 à 14, 18 à 21, 24, 26 à 28.
Ainsi qu'à Chantal S. pour le numéro 17.
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